Chapitre 2:
Je me mutile. Je m'ouvre depuis quelque temps. Avant, j'étais plus brulure à la cire ou à la clope. Mais depuis, ça me fait plus rien. Alors j'en ai fini par toucher plus profondément mon corps.
D'abord avec un vieux rasoir. Puis un morceau de verre devenu fétiche, ramassé dans la rue, débris d'un ancien verre de manzana. Nettoyé, désinfecté. Comme un verre au normal, au produit vaisselle.
Je n'y arrive que sur le bras gauche, et la bas du mollet gauche. Pourquoi ? Bonne question. Je m'ouvre superficiellement, juste pour savoir jaillir quelques gouttes. Pas de cicatrices béantes. Juste des fines griffures qui disparaissent avec le temps.
Je n'ai pas besoin d'un spécialiste. Je sais pourquoi je le fais. Pas pour l'art. Pour moi. Je suis un oscilloscope émotionnel. Je suis borderline. Quand je déprime, je me sens comme plonger à la piscine. Le fait de m'ouvrir, c'est comme prendre une impulsion sur le fond du bassin. Je saigne, et je remonte à la surface.
Çà peut être con, j'ai 19 ans, et je fais des trucs de gamines de 14 ans. Je pense pas avoir été influencé, bien que 2 amies proches se mutilent ou se sont mutilées... J'ai toujours eu un rapport bizarre à la douleur.
J'aime bien ce certain rush d'adrénaline mêlé d'endorphine qu'il peut m'arriver, bien que je ne le guette pas. Je me scarifie pas pour l'endorphine, mais pour mieux rebondir. Je ne me mutile pas pour attirer l'attention. J'ai pas besoin de ça. J'ai pas à empoisonner la vie des gens avec ça, j'ai pas besoin de me victimiser, j'ai pas besoin de charité.
Je m'ouvre et c'est comme ça.